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Site de la Chapelle Saint-François de Rennes

Marie Reine, notre Mère et notre souveraine.

Messe 10h, collégiale de Champeaux près de Vitré.

Préambule Jésus-Christ est roi du monde entier parce que, comme Homme-Dieu et par droit de conquête acquis par sa mort sur la croix, il est investi du pouvoir de conduire tous les hommes vers leur destinée surnaturelle.

A cette royauté il fait participer Marie qu’il a choisie pour être sa mère et sa collaboratrice dans l’œuvre du salut du genre humain.

Marie est devenue reine par son « fiat » qui la faisait mère de celui qui occupe « le trône de David à jamais ». Et elle a acquis aussi cette dignité royale en s’unissant à l’oblation de son Fils sur la croix.

Du haut du ciel, où elle fut intronisée le jour de sa glorieuse assomption, elle exerce son règne maternel sur tous les hommes.

Assise à la droite du divin Ressuscité, elle nous obtient par ses mérites passés et par son intercession toujours actuelle, toutes les grâces de protection et de sanctification qui nous sont nécessaires pour atteindre notre fin dernière qui est Dieu.

C’est pour nous faire reconnaître et honorer comme il se doit cette royauté de la Mère de Dieu et des hommes et pour nous en faire bénéficier dans les temps difficiles où nous vivons, que Pie XII a institué « La fête de Marie Reine ».

Dans son encyclique du 11 octobre 1954, le Souverain Pontife montre que le peuple chrétien, en son instinct sûr, a toujours reconnu la dignité royale de celle qui a pour Fils « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs ».

Pères, docteurs et papes s’en firent, tout au long des siècles, les interprètes autorisés, et le triomphal témoignage de cette commune croyance éclate dans les splendeurs de l’art et la pénétrante catéchèse de la liturgie.

Les théologiens, à leur tour montrèrent avec succès combien ce titre royal convenait à la Vierge Marie, Mère du Sauveur, intimement unie à l’œuvre rédemptrice de son Fils, et médiatrice de toutes grâces. La messe et l’office de ce jour résument toute cette doctrine, et nous font rendre à cette Reine les hommages qui lui sont dus en même temps que solliciter ses faveurs.

Par la liturgie de la parole et du sacrifice puisons :

1) Aux sources de l’Ancien Testament, précurseur du Rédempteur.

L’épître est extraite d’un des livres Sapientaux : « L’Ecclésiastique » écrit par Ben Sira vers 190 avant Jésus-Christ et traduit par son petit-fils en l’an 132.

Par un procédé littéraire on y fait l’éloge de la Sagesse en la personnifiant. On en fera plus tard l’application à la personne du Verbe ou à celle de l’Esprit-Saint.

Par accommodation l’Église applique ce passage à la Sainte Vierge, dont l’âme éclairée, précisément par son Fils, le Verbe incarné, et par l’Esprit-Saint « a pénétré, plus que nous pourrions le croire, les profondeurs de l’abîme de la Sagesse divine » (S. Bernard. De XII Prærog. B.M.V.).

L’âme de Marie, toute remplie des clartés de la lumière déifique, fait rayonner autour d’elle la vérité divine. Elle fortifie notre foi, elle illumine nos esprits, elle fait régner dans les âmes chrétiennes la sagesse de Dieu et nous fait « goûter » les choses d’en-haut.

« Je suis sorti de la bouche du Très-Haut, engendrée la première avant toute créature. J’ai fixé ma demeure dans les cieux, et mon trône est sur les nuées. Sur toute la terre, chez tous les peuples et dans toutes les nations, j’ai exercé mon règne : j’ai eu sous mes pieds, par ma puissance, les cœurs des grands comme ceux des petits. Celui qui m’écoute ne sera pas déçu, et ceux qui agissent par moi ne pécheront point. Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle » (Eccli. 24, 5-31).

2) Aux sources de Jésus-Christ, réalisateur de la rédemption.

Envoyé par Dieu, l’ange Gabriel accomplit fidèlement sa mission auprès de « la Vierge fiancée à un homme du nom de Joseph de la maison de David » (Le 1, 27).

Par des réminiscences des Écritures qui évoquent les temps messianiques, Gabriel annonça ensuite à Marie les privilèges royaux qu’aurait son fils. Il lui annonce sa maternité divine : Son Fils régnera à jamais sur le trône de David, son glorieux ancêtre. « Il sera grand, et on l’appellera le Fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il régnera sur la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura point de fin » (Le. 1, 32-33).

En parlant de Josué (dont le nom de Jésus est le diminutif) le Siracide dit : « Méritant bien son nom, il se montra grand pour sauver les élus » (Eccli. 46, 2). De fait, c’est lui qui fit entrer les Israélites dans la terre promise. Cette entrée figurait celle du peuple chrétien sous la conduite de Jésus dans la véritable terre promise qui est l’Église terrestre et céleste.

On donnait aux rois ou aux grands chefs du peuple, en tant que représentant la Divinité, le nom de Fils de Dieu (2 Rois 7, 11 — 1 Par. 22, 10). Mais Jésus fut « Fils du Très-Haut » à un titre unique. C’est le mystère de la filiation divine du Christ que l’ange exprime ici. Descendant le plus illustre de David, Jésus s’assiéra sur le trône royal de ce grand roi et régnera éternelle ment sur la maison de Jacob, c’est-à-dire sur les juifs et les gentils destinés à ne faire qu’un seul peuple comme l’ont annoncé les prophètes. « Un enfant nous a été enfanté, un fils nous a été donné... Grand sera son règne et sa paix n’aura pas de terme, il s’assiéra sur le trône de David » (Isaïe 9, 5-6). « A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est à jamais... et son royaume ne sera point détruit » (Daniel 7, 14). « Ton trône, ô Roi, est pour toujours et à jamais » (Psaume 45, 7-8).

C’est cet Évangile que reprend sa Sainteté Pie XII comme argument théologique pour prouver que Marie est reine.

« L’argument principal sur lequel se fonde la dignité royale de Marie, déjà évident dans les textes de la tradition antique et dans la sainte liturgie, est sans aucun doute sa maternité divine. Dans les Livres Saints, en effet, on affirme du Fils qui sera engendré par la Vierge : « Il sera appelé Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père et il régnera dans la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 32-33).

En outre, Marie est proclamée « Mère du Seigneur » (par Élisabeth). Il s’en suit logiquement qu’elle-même est Reine, puisqu’elle a donné la vie à un Fils qui, même comme homme, était, à cause de l’union hyperstatique de la nature humaine avec le Verbe, Roi et Seigneur de toutes choses » (Encycl. Ad cœli Reginam).

Dans l’homélie du 3ème nocturne des matines, saint Bonaventure commente de cette façon ces mêmes textes évangéliques :

« C’est comme si l’ange disait ouvertement : « Tu concevras et tu enfanteras un fils Roi, assis à tout jamais sur son trône royal, en sorte que toi-même, tu régneras comme Mère du Roi et tu résideras comme Reine sur un trône royal. Si, en effet, il convient que le Fils donne cet honneur à sa mère, il convient aussi qu’il lui donne un trône royal. Dès lors, puisque la Vierge Marie a conçu celui dont le baudrier porte cette inscription : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » dès l’instant même où elle conçut le Fils de Dieu, elle fut reine non seulement de la terre mais aussi du ciel. Marie reine est très élevée en gloire. Le prophète le montre dans le psaume où il est dit du Christ : « Ton trône, ô Dieu, est établi pour toujours », et ensuite de la Vierge : « La Reine est à votre droite, en vêtements tissés d’or, c’est-à-dire comblée des biens les meilleurs et revêtue de l’immortalité comme il convenait à la Vierge le jour de son Assomption... Car nous devons tenir pour certain que la Vierge, glorieuse dans son corps et dans son âme, siège près son Fils. Marie Reine est la dispensatrice des grâces. C’est par elle que, comme par un aqueduc, vient à nous la grâce divine qui guérit le genre humain. C’est à la Vierge qu’il revient, en effet, d’être la dispensatrice de la grâce non pas comme en en étant le principe mais comme l’ayant méritée. Ainsi donc la Vierge Marie est pour tous les peuples la plus excellente des reines puisqu’elle implore pour nous le pardon, qu’elle triomphe dans le combat, qu’elle distribue la grâce et qu’en conséquence elle conduit à la gloire »(Sermon sur la dignité royale de la Vierge Marie).

3) Aux sources de l’Église par le ministère de laquelle le Christ, unique grand-prêtre, continue l’œuvre de notre salut et nous y fait participer activement.

C’est pour continuer, d’une façon très efficace et pleinement adaptée à notre époque, l’œuvre du salut du monde réalisée par Jésus et par Marie que sa Sainteté Pie XII a institué la fête de Marie Reine après que Pie XI eut établi celle du Christ-Roi.
Lors de la cérémonie du couronnement de la Vierge « Salus populi Romani », qui fut le complément de l’institution de la fête de la royauté de Marie, Pie XI déclara dans un discours prononcé dans la basilique Saint-Pierre :

« L’origine des gloires de Marie, le moment solennel qui illumine toute sa personne et sa mission, est celui où, pleine de grâce, elle répondit à l’archange Gabriel le « Fiat » qui exprimait son acquiescement aux dispositions divines. C’est ainsi qu’elle devenait Mère de Dieu et Reine, et recevait la charge royale de veiller sur l’unité et la paix du genre humain. Par elle, Nous avons la ferme confiance que l’humanité s’engagera peu à peu sur cette voie du salut ; elle guidera les chefs des nations et les cœurs des peuples vers la concorde et la charité...

Si la royauté de Marie peut suggérer à ceux qui régissent les nations des attitudes et des desseins qui répondent aux exigences de l’heure — où, en tant de régions, la juste liberté est opprimée, la vérité offusquée par l’action d’une propagande mensongère et les forces du mal semblent comme déchaînées sur terre, — la Vierge ne cesse aussi de déverser sur tous les peuples de la terre et sur toutes les classes sociales l’abondance de ses grâces.

Après l’atroce spectacle de la Passion au pied de la croix où elle avait offert le plus dur des sacrifices qui puissent être demandés à une mère, elle continua à répandre sur les premiers chrétiens, sur ses fils d’adoption, les témoignages de sa sollicitude maternelle. Reine plus que toute autre par l’élévation de son âme et par l’excellence des dons divins, elle ne cesse de prodiguer tous les trésors de son affection et de ses douces attentions à la pauvre humanité » (1 novembre 1954).

Reine parce qu’unie intimement au Christ-Roi par sa maternité divine, Marie l’est donc aussi parce qu’elle fut étroitement associée à son Fils lorsqu’il consomma notre rédemption sur la croix.

C’est ce que nous rappelle l’alléluia de la messe de ce jour : « Bienheureuse êtes-vous, ô Vierge Marie, d’être restée debout au pied de la croix du Seigneur. Voici qu’à présent vous régnez avec lui à jamais ».

Toute la liturgie de la fête de Marie Reine résume parfaitement les raisons d’être et l’efficacité de cette royauté mariale.

« La sainte liturgie, dit Pie XII, est comme le fidèle miroir de la doctrine transmise par les anciens et crue par le peuple chrétien à travers les âges... Elle a toujours chanté et chante encore sans cesse les louanges de la Reine des cieux » (Ad cœli Reginam).

En mettant en œuvre dans son culte officiel tous les mystères du Christ auxquels fut associée la Vierge, la Sainte Église nous y associe à son tour et nous en applique les mérites.

C’est ce qui ressort d’une façon particulière pour les fidèles qui assistent au saint Sacrifice de la messe. On y magnifie les gloires de Marie Reine, et on en remercie Dieu par Jésus-Christ. C’est lui qui est la source de cette royauté de sa mère, c’est lui qui l’a méritée par sa passion et qui l’a fait asseoir à sa droite dans le ciel.

A chaque messe on évoque plusieurs fois le nom de la Vierge, et l’on évoque par là-même, en renouvelant sacramentellement le Calvaire, le rôle que Marie a joué au pied de la croix et qu’elle continue à exercer du haut du ciel dans l’application des mérites du Sauveur dont le Sacrifice et la communion eucharistique sont pour nous le signe spécialement efficace.

C’est donc avec confiance qu’on termine la messe en saluant Marie reine et en lui demandant de nous faire bénéficier des effets de sa miséricorde : « Salve Regina, mater misericordiae ».

But final du drame rédempteur : l’apothéose céleste dont la liturgie est l’annonce, la préparation et le prélude ici-bas.

Glorifiant Marie comme reine, assise à la droite du Christ roi dans le ciel, c’est vers la patrie céleste que nous fait tendre la liturgie de ce jour.

On y demande à Dieu : « Accordez-nous. Seigneur, grâce à l’appui de la bienheureuse Vierge Marie, notre Reine, dont nous célébrons la fête, de pouvoir obtenir la paix en cette vie et la gloire dans l’autre » (Collecte).

On y implore Marie pour qu’elle nous accueille dans le ciel à la fin de notre vie sur terre : « Salut, ô Reine de miséricorde, protégez-nous de l’ennemi et accueillez-nous à l’heure de la mort » (Alléluia).

Notre engagement personnel et communautaire dans la célébration liturgique de la fête de Marie Reine.

Tout ce, qu’en union intime avec Jésus, Marie a fait au cours de sa vie, a eu pour but d’assurer notre salut. Sa royauté lui confère un pouvoir universel comme médiatrice de toutes grâces.

Pour obtenir ici-bas la paix et assurer notre salut éternel, contemplons Marie Reine dans sa gloire et recourons à elle en faisant nôtres toutes les pensées de l’Église dans la messe de ce jour.

[1] Ce propre a été composé avec la version du psautier Béa, nous gradons la traduction de la vulgate traditionnelle.

[2] Pendant le Temps pascal, les trois psaumes de chacun des nocturnes des Matines sont dits sous une seule antienne.

[3] Encyclique Ad cœli Reginam, du 11 octobre 1954. Institution de la fête.

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