28 Juin 2014
Le site actuel de la cathédrale a été utilisé en tant que siège d’un évêché depuis le vie siècle. Il est probable qu’elle fut construite à la place d’un sanctuaire plus ancien.
L’ancien édifice fut complètement remplacé par une église gothique au xiie siècle, mais en 1490, la tour et la façade occidentale s’effondrèrent. On entreprit dès lors une interminable reconstruction du massif occidental qui dura 163 ans et aboutit à la façade en granit que nous connaissons aujourd'hui qui est en grande partie de style classique.
La cathédrale est épargnée par l’incendie de 1720 qui s’arrête à quelques dizaines de mètres, au niveau de l’église Saint-Sauveur.
La nef et le chœur cependant n’avaient pas été restaurés et menaçaient ruine. En 1730, l'architecte Jacques V Gabriel les avait jugés irréparables. L'ingénieur Abeille avait proposé de rebâtir l'ensemble de l'édifice sur un plan en croix grecque, mais il mourut en 1752 sans que le projet ait reçu le moindre début d'exécution.
Le 11 février 1754, en plein service religieux une grosse pierre se détacha de la voûte du chœur. L’évêque, Louis-Guy de Guérapin de Vauréal, demanda l'expertise des Bâtiments du roi. Deux collaborateurs d'Ange-Jacques Gabriel, Jacques-Germain Soufflot et Nicolas Marie Potain, se rendirent à Rennes en avril 1762.
Il apparut alors que pour éviter un effondrement total, il était nécessaire de reconstruire l’édifice tout entier, à l’exception de la façade de construction récente et solide. Les deux architectes préconisèrent d'inverser l'orientation de l'édifice et de ne conserver que les tours, qui se trouveraient placées au chevet.
« La Bretagne, zélée pour l'embellissement de sa capitale, a voulu encore qu'elle fût embellie d'une cathédrale bâtie dans le bon goût de l'architecture grecque […] M. Potain sera chargé sous M. Soufflot de la conduite de cet édifice. »
— L'Avant-Coureur, 7 juin 17622
Le projet donné par Potain fut approuvé par Louis XV en Conseil le 9 mars 1762. Il est conservé aux Archives nationales3. « Gêné par l'environnement pour étendre les bras d'une croix latine, Potain a dessiné un vaisseau longitudinal à collatéraux et déambulatoire. L'ordre est un ionique cannelé. Dans l'abside, la chapelle ovale de la Communion prend place entre les clochers gothiques. »4.
La démolition eut lieu de 1756 à 1768. Néanmoins, pour dégager les crédits nécessaires à la réalisation du projet de Potain, il aurait fallu mettre plusieurs abbayes « en économats » en privant leurs titulaires de leurs bénéfices. Le roi hésita et le projet fut gelé. En 1780, la Commission des Secours sollicita de nouveau les Bâtiments du roi5. C'est alors que l'architecte nantais Mathurin Crucy présenta un projet qui respectait l'orientation ancienne de l'édifice et un devis plus raisonnable de 840 000 livres4. La reconstruction débuta en 1787, mais la Révolution française arrêta les travaux.
Ceux-ci reprirent en 1816 sous la direction de Crucy. Après la mort de ce dernier en 1826, ils furent poursuivis par son collaborateur Binet et terminés par l'architecte municipal Louis-Guy Richelot sous la monarchie de Juillet4. La cathédrale désormais néoclassique avec façade classique fut achevée en 1845.
Le jour de Pâques du 7 avril 1844, Godefroy Brossay Saint-Marc inaugure la nouvelle cathédrale.
Durant les travaux, de 1803 et 1844, l'ancienne abbatiale Saint-Melaine fut la pro-cathédrale de Rennes.
La façade et ses deux tours classiques de granit de 48 mètres de haut fut édifiée en plusieurs étapes tout au long des xvie et xviie siècles. Les tours comportent quatre niveaux. Le premier fut construit de 1541 à 1543, le second ainsi que le troisième de 1640 à 1654 (par Tugal Caris), et le quatrième et dernier (par Pierre Corbineau) de 1654 à 1678. Enfin François Huguet compléta le couronnement des tours entre 1679 et 1704, les portant à leur hauteur actuelle de 48 mètres et ajouta sur le fronton au sommet de la façade la devise de Louis XIV (Nec pluribus impar, l’incomparable).
Outre le front, la façade possède cinq blasons de tuffeau (de haut en bas, de droite à gauche) :
Pour souligner la force et la solidité du nouvel ensemble par opposition à la fragilité de la construction précédente, les architectes ont doté la façade de 22 colonnes de granit.
Le fronton est aux armes de Louis XIV.
La croisée du transept est surmontée par un dôme avec un oculus.
La nef comporte quarante quatre colonnes ioniques. C’était la partie la plus austère de l’édifice. Pour atténuer cette austérité, on entreprit au xixe siècle de revêtir de stuc les colonnes ainsi qu'une partie des murs (Il s'agit d'un mélange de poussière de marbre, de chaux éteinte et de craie), ce qui donne une plus grande luminosité à l'édifice.
La voûte en plein cintre par contre est décorée d'ors, œuvre d'Auguste Louis Jobbé-Duval, qui fonda en 1843 la Maison Jobbé-Duval spécialisée dans la décoration, la restauration de tableaux et la dorure sur bois. Il est le cousin germain d'Armand-Félix Jobbé-Duval (1821-1889) qui exécuta le décor des plafonds de l'aile sud-ouest du Parlement de Bretagne. La voûte comporte des écussons aux armes de la Bretagne et des diocèses suffragants de l'archevêché de Rennes. Ceci contribue à créer une apparence plus somptueuse.
Le revêtement du sol du chœur est composé d'austères dalles de granit. Celles-ci offrent un violent contraste avec le maître-autel réalisés avec des marbres offerts par le pape Pie IX et provenant du forum romain.
La voûte du chœur est ornée d'une peinture représentant la dation par le Christ des clés du Royaume des Cieux à saint Pierre.
Le chœur est entouré d’un déambulatoire dont les murs sont décorés de représentations des différents saints de Bretagne regroupés d’après leur diocèse (Rennes, Dol-de-Bretagne, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de-Léon, Quimper, Vannes). Elles sont dues au peintre du xixe siècle Alphonse Le Hénaff.
Les deux croisillons du transept possèdent chacun une somptueuse chapelle ornée de fresques remarquables. Celles de la chapelle méridionale sont consacrées à sainte Anne, patronne de la Bretagne. On y trouve aussi le tableau de la délivrance de saint Pierre du peintre Henri-Joseph de Forestier donné par Charles X. L’œuvre date de 1827 et représente saint Pierre délivré de sa prison par un ange6.
La chapelle septentrionale possède une série de fresques consacrées à Marie. Elles participent ainsi au culte marial fort répandu en Bretagne.
L'entrée est sous la lourde dalle gravée de noms, au beau milieu de l'allée centrale de la cathédrale. Dans cette crypte, personne ne vient. Seul lors de l'inhumation d'un évêque ou d'un archevêque, on y descend. Dans cette crypte sont enterrés entre autres :
La cathédrale héberge un grand chef-d'œuvre : un retable flamand anversois du xvie siècle, orné de 80 personnages. Il fut restauré en 1984, par l'artiste Alain Plesse. Le retable est classé au titre objet des monuments historiques depuis 19017.
En juin 2007, des voleurs se sont introduits dans la Cathédrale en se laissant délibérément enfermer dans l'édifice. Ceci leur laissa toute la nuit pour soigneusement démonter et voler une partie du Retable datant du xvie siècle dans la dernière chapelle avant l'entrée du Transept droit. Ce n'est que 7 mois plus tard que la partie volée du Retable fut retrouvée aux Pays-Bas et solennellement restituée à Monseigneur d'Ornellas, Archevêque de la Province Ecclésiastique de Rennes pour être replacée à sa place originelle8. Une statuette représentant une bergère de l’adoration des bergers avait déjà été volée le 13 janvier 19757.
Dans la chapelle dédiée à saint Malo se trouve le tableau de sainte Marguerite, œuvre de Pierre Mignard datant du xviie siècle. Ce tableau est une copie de celui de Raphaël qui se trouve actuellement au département des peintures du musée du Louvre9. Le tableau est classé monument historique depuis 190810.
Dans la chapelle Saint-Michel, on peut admirer la statue de Sainte Anne, copie d'une œuvre du xve siècle.
Les Grandes-Orgues de la cathédrale datent de 1874. L'instrument, construit dans une esthétique romantique par le facteur Aristide Cavaillé-Coll, est logé dans un buffet, œuvre de l'architecte Alphonse Simil. Après quelques modifications opérées par Victor Gonzalez en 1939-1940, l'instrument est totalement reconstruit par la manufacture Haerpfer-Erman en 1970 dans un esprit néo-classique. Un positif dorsal est alors ajouté, les tuyaux trouvant place dans un buffet conçu par l'architecte en chef des Monuments Historiques Raymond Cornon. Aujourd'hui, les Grandes-Orgues de la cathédrale de Rennes constituent l'instrument le plus important du département d'Ille-et-Vilaine11.
Un orgue de chœur occupe le fond de l'abside de la cathédrale. Datant de 1869, cette œuvre de la maison Merklin-Schütze a été légèrement modifiée en 1936-1937 par Victor Gonzalez12.
Les tours de l'église métropolitaine de Rennes abritent une sonnerie de cinq cloches. Le bourdon, nommé Godefroy, se trouve logé dans la tour nord. Fondue par l'entreprise Bollée du Mans, cette cloche, donnant Fa#2, a été bénie le 13 octobre 186713. Elle pèse environ 7 900 kg. Son battant de 240 kg a été changé le 12 décembre 201114.
Les quatre autres cloches, situées dans la tour sud, portent les noms de Marie, Pierre, Amand et Melaine. Elles donnent La2, Do#3, Mi3 et La3. Elles pèsent 3 950 kg, 1 467 kg, 1 155 kg et475 kg. Pierre est l'unique cloche conservée de la fonte Bollée de 1843 qui comptait trois vases sonores, Marie (3 052 kg), Pierre (1 467 kg) et Amand (820 kg), bénies le6 novembre 184313. Les trois autres cloches ont été fondues le 15 février 1934 par l'entreprise Paccard d'Annecy et baptisées le 15 avril suivant15.
Le bourdon, portant le prénom du premier cardinal-archevêque de Rennes, Mgr Brossay-Saint-Marc, constitue la plus grosse cloche de Bretagne (hors le bourdon de l'église Sainte-Croix de Nantes, Charles Marie, qui pèse 8 291 kg). Les noms de ses consœurs évoquent le saint-patron de la cathédrale, Pierre, celui de l'archidiocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, Melaine, et son prédécesseur sur le trône épiscopal, Amand.