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Site de la Chapelle Saint-François de Rennes

sermon des funérailles de madame Stefan Maïdanatz

Cher Monseigneur le prieur général,

Cher Monsieur et ami,

Cher Monsieur, chère Madame,

Mes chers enfants, mes chers amis,

MM les chanoines, MM les abbés,

Mes sœurs,

Mes biens chers frères,

 

Au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit, ainsi soit-il !

 

« Père, si ce calice peut s’éloigner de moi, cependant non pas ma volonté mais la votre »

La nuit de jeudi à vendredi est la nuit de l’agonie, dans cette nuit suprême, Jésus-Christ notre Seigneur a redit son total abandon à la volonté du Père.

«  Je suis venu oh Père pour faire votre volonté »

«  Notre Père qui êtes aux cieux… que votre volonté soit faite » et ayant aimé les siens Il les aimât jusqu’au bout.

«  Aimer c’est tout donner et se donner soi-même. »

C’est dans cette nuit, soutenue par saint Stéphane et saint Jean qui avaient appelé dans leur cortège sainte Florence, sainte Philomène, Notre Dame de Pontmain, tous les patrons le l’institut du Christ Roi souverain Prêtre et de la société du sacré Cœur : Saint Benoit, saint Thomas d’Aquin, saint François de Sales, sainte Thérèse de l’enfant Jésus ; c’est dans cette nuit que madame Maïdanatz a rendu son âme à Dieu.

Mes biens chers frères, s’il fallait témoigner aujourd’hui de la fécondité de cette vie donnée, de cette existence tombée en terre comme un grain qui porte beaucoup de fruits, tous nous pourrions nous lever et évoquer avec gratitude cette enfant, cette femme, cette mère, cette sœur, cette directrice d’école, cette amie…etc

Aussi le ministère de la prédication cet après midi ne nous conduit pas à évoquer un souvenir mais à tourner nos yeux vers le ciel avec Foi, Espérance et Charité.

« Père, si ce calice peut s’éloigner de moi, cependant non pas ma volonté mais la votre »

La volonté de Dieu aimée, cherchée acceptée, voici le signe de notre Espérance pour madame Maïdanatz et l’enseignement que nous pouvons tirer de l’oblation à laquelle elle a consenti.

Saint François de Sales dans les entretiens spirituels nous livre une belle méditation qui peut nous laisser entrevoir le mystère de l’âme de notre sœur :

« Il y a beaucoup de gens qui disent à Notre Seigneur : «  je me donne tout vous sans aucune réserve »…mais il y en a fort peu qui embrassent la pratique de cet abandonnement, lequel n’est autre chose qu’une parfaite indifférence à recevoir toute sorte d’événements, selon qu’ils arrivent par l’ordre de la Providence de Dieu, aussi bien l’affliction comme la consolation, la maladie comme la santé, la pauvreté comme la richesse, le mépris comme l’honneur et l’opprobre comme la gloire. Ce que j’entends selon la partie supérieure de notre âme, car il n’ y a point de doute que l’inférieure et l’inclination de notre nature tiendra plutôt du coté de l’honneur que du mépris, des richesses que de la pauvreté. »

Le bienheureux Charles de Foucault, un autre grand apôtre du Sacré Cœur s’exprimait ainsi dans sa belle prière d’abandon :

« Mon Père je m’abandonne à vous, faites de moi ce qu’Il vous Plaira… »

La mort est une étape difficile, douloureuse pour notre nature mais l’en jeu ne se situe-t-il pas en amont ?

Mourir à nous-mêmes, perdre notre volonté dans la volonté de Dieu, cette volonté du Père commune au Fils, cette volonté divine qui est l’Esprit d’Amour, Esprit de Feu…voilà l’enjeu !

Malgré les mouvements et les inclinations naturelles et même légitimes de notre nature, ne faire plus qu’un avec la volonté du Père et pouvoir dire : « pour moi vivre, c’est le Christ ! »…c’est cela la sainteté !

Blessée par le péché, notre nature humaine revient si souvent sur elle-même et n’aime pas être contrariée dans ses projets, ses plans.

Dieu nous appelle à la sainteté, cette vocation est une grâce d’adoption filiale réalisée dans et par le Christ Jésus. Le baptême nous a fait Enfant de Dieu par la grâce de Celui qui est Fils, par les mérites de sa Passion, de son abanadon à la volonté du Père.

En fait mourir à soi-même avant de mourir c’est devenir enfant.

Dans cet état, l’âme se laisse conduire, elle se simplifie et surtout devient petite : Humble. Le Père peut alors agir sans obstacles et façonner son trésor.

Ces derniers mois, en communiant Madame Maïdanatz, les chanoines qui ont assuré leur ministère auprès d’elle ont pu constater la longue maturation de son âme qui la rendait toujours plus enfant.

Recevoir le Corps du Christ devenait une première communion pour notre sœur ! jusqu’aux derniers moments, espiègle, elle gardait la simplicité comme un don de Dieu sans rien laisser paraître des luttes et des combats, ceux de la maladie, ceux de l’âme.

Il y a quelques semaines, nous avons parlé ensemble de son rôle et de sa mission dans l’au-delà, sans trahir de secret, madame Maîdanatz était résolu à veiller : «  je serai une veilleuse » m’avait-elle dit.

L’union à la volonté de Dieu, le « Fiat » prononcé tant de fois sera maintenant son chant de louange après avoir été celui du sacrifice.

«  Les saints au ciel ont une telle union avec la volonté de Dieu ( dit saint François de Sales) que s’il y avait un peu plus de son bon plaisir en enfer, ils quitteraient le paradis pour y aller »

Cet abandon à la volonté de Dieu dans l’épreuve de la maladie, madame Maïdanatz le poursuit désormais dans un plongeon dans cette volonté appellée à être contemplée.

Le Ciel est notre but, la volonté de Dieu est que nous soyons sauvés, c’est à nous de le rester en acceptant ce plan de dieu sur nous.

Cher monsieur Maïdanatz, la nuit de la mort de votre femme, vous avez passé un dizainier à son doigt, celui de Claire : j’ai pensé à ce moment là aux paroles du Seigneur dans l’évangile de saint Matthieu : « Le royaume des Cieux est comme un roi qui fît un festin de nocees pour son enfant »

« La béatitude est comparable à la plus grande joie possible, une journée de noces, où l’âme est comme l’épouse revêtue d’ornements et couronnée d’or. Cette couronne d’or qu’il s’agit de remporter ici-bas par nos mérites symbolise la conjonction de l’âme avec Dieu » ( Dom Chauveau)

L’anneau au doigt, la fiancée s’est présentée aux noces devant le Roi resplendissant.

Grâces à nos prières, aux Messes pour le repos de son âme, sa mission pourra continuer.

Car nous avons prié, nous avons tous beaucoup prié, je pense surtout à vous chers enfants et professeurs de l’école saint Philomène et dans la communion des saints nous avons reçu un formidable élan de charité dont vous êtes tous ici les témoins.

Nous avons accumulé des trésors de grâces, de prières et de sacrifices.

 Les richesses de vie évangéliques qui ont converti les cœurs dans la longue maladie de madame Maïdanatz  ne peuvent pas, ne doivent pas s’effacer dans la banalité du quotidien, dans les certitudes trop humaines, dans les eaux tumultueuses des sentiments.

Nous vivons une douloureuse épreuve, il faut l’accepter, la recevoir, l’offrir à nouveau dans la communion des Saints.

Ce formidable élan impulsé par votre enfant, votre sœur, votre femme et votre mère notre amie ne doit pas retomber comme un soufflet devant la braise.

 

Il faut vivre profondément avec Foi, Espérance et Charité cette communion des baptisés dont nous faisons profession de foi si souvent.

 

« Je crois à la communion des Saints »

 

 

Ceux qui croient au Christ parce qu’il s sont étroitement unis à lui, surtout dans l’eucharistie sont unis entre eux par la Charité formant un seul corps, l’Eglise dont l’unité se réalise dans la diversité des membres et des fonctions.

 

L’Eglise c’est nous.

Madame Maidanatz  n’a pas cessé d’appartenir à l’Eglise, baptisée, devenue un autre Christ par l’eau de la Grâce elle a été comblée des dons du Saint Esprit, elle a reçu la Foi, l’Espérance et la Charité, elle appartient à un peuple sacerdotal, prophétique et royal. La grâce a résonné en elle en utilisant toutes les riches facettes de sa personnalité, son caractère décidé, son exigence et sa souplesse et sa profonde joie et simplicité de cœur.

Avec la mort, la communion des saints ne disparaît évidemment pas. Elle s’affine au contraire, elle trouve des dimensions et des mesures que la terre ne lui permettait pas  parce qu’il y a trop de bruits, trop de « non » à Dieu.

 

Unis par la Grâce nous appartenons à l’Eglise de trois façons ;

Les uns sont en pèlerinage sur la Terre. Il s’agit de nous Mes biens chers frères l‘Église militante, nous allons vers la Patrie,

D’autres ayant quitté cette vie achèvent leur purification soutenus aussi par nos prières, c’est l’Eglise souffrante ;

D’autres enfin jouissent déjà de la Gloire de Dieu et intercèdent pour nous, l‘Eglise triomphante.

 

Tous ensembles nous formons  une unique famille à la louange et à  la Gloire de la Sainte Trinité.

Vous connaissez la belle formule : nos morts ne sont pas des absents ils sont invisibles.

Ce monde spirituel nous échappe parce qu’il faut le voir avec les yeux de la foi pour aimer Dieu librement, pour le servir par choix par Amour.

 

Si nous avions quelques instants le privilège de la vision de la communion des Saints, nous verrions en un seul instant les anges qui remplissent cette église, nous verrions Notre Dame à la droite de l’Autel, nous verrions la fête du Ciel et la ronde des élus unis à ce Saint Sacrifice, sainte Philomène particulièrement et les saint patrons de notre congrégation, nous verrions les âmes réclamer notre prière dans la purification que nécessite la vision béatifique.

Nous verrions dans la pauvre et Sainte humanité le trésor des actes de charité, de la prière, du culte, du devoir d’état, du beau, du vrai, du bien.

Nous verrions aussi ceux qui souffrent, dans leurs corps, dans leurs âmes, leurs angoisses et malheureusement aussi le pêché.

Nous verrions tout cela.

Nous ne voyons pas mais nous savons.

Un écrivain célèbre a exprimé cette réalité de manière poétique (Léon Blois) :

 

"Notre liberté est solidaire de l’équilibre du monde, tout homme qui produit un acte libre projette sa personnalité dans l’infini. S’il donne de mauvais cœur un sou à un pauvre, ce sou perce la main du pauvre, tombe, perce la terre, troue les soleils, traverse le firmament et compromet l’univers. S’il produit un acte impur, il obscurcit peut être des millions de cœur qu’il ne connaît pas, qui correspondent mystérieusement à lui et qui ont besoin que cet homme soit pur, comme un voyageur mourant de soif a besoin du verre d’eau de l’Evangile.

 

Un acte charitable, un mouvement de vraie pitié chante pour lui les louanges divines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles, il guérit les malades, console les désespérés, apaise les tempêtes, rachète les captifs, convertit les fidèles et protège le genre humain.

La Philosophie Chrétienne est dans l’importance inexprimable de l’acte libre et dans la notion d’une enveloppante et indestructible solidarité."

 

 

Cette communion des saints enfin nous donnera la seule attitude d’âme passible pour accepter l’énigme de la souffrance.

Cette attitude c’est celle du vieil homme Job ; l’Humilité.

 

Sans cette attitude, les plus belles considérations n’auront aucune prise sur nous pour nous apaiser tout à fait.

L’humilité du petit enfant qui reconnaît ignorer le dernier mot de toutes choses et en particulier de son existence, qui accepte dans ses ultimes conséquences sa condition de créature, et qui dès lors ne s’étonne pas d’être embarqué dans une aventure dont seul l’Auteur de son être connaît les tenants et les aboutissements. Seul parvient à souffrir en paix celui qui cesse de vouloir comprendre sa vie dans son fond le plus intime et se réfugie, envers et contre tout, dans la pensée que cette vie, parfois si inhumainement brisée, est pourtant l’œuvre d’un Dieu tout puissant et infiniment bon. Encore une fois, les autres réponses qu’on pourra lui faire n’ont de valeur que subordonnées à celle là.

 

 

C’est dans cette prière humble,  adorante et souvent toutefois douloureuse que l’on peut recommander dans cette communion des saints, une attention toute particulière à toute la famille Maidanatz et Fauchon de Villeplèe. Nous devons les entourer de notre affection, de notre amitié.

Pas seulement pour aujourd’hui, demain mais au long des mois et des années.

La Charité de Dieu saura vous inspirer mille douceurs, gestes délicats, discrets, efficaces qui viennent soulager le quotidien et rendre le fardeau plus léger.

 

A Lourdes où vous vous êtes encore rendu récemment en famille le saint Père Benoit XVI s’exprimait ainsi, c’était en 2008 :

Il faut contempler pour finir le rosaire de Notre Dame qui nous amène au Christ.

« Marie est aujourd’hui dans la joie et la gloire de la Résurrection. Les larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers nous demeure intacte.

 

L’intervention secourable de la Vierge Marie au cours de l’histoire l’atteste et ne cesse de susciter à son égard dans le peuple de Dieu une confiance inébranlable : la prière du « Souvenez-vous » exprime très bien ce sentiment, (et c’était une de une de ses prières préférée).

Marie aime chacun de ses enfants, portant d’une façon particulière son attention sur ceux qui comme son Fils à l’heure de sa Passion sont en proie à la souffrance.

Elle les aime tout simplement parce qu’ils sont ses fils, selon la volonté du Christ sur la Croix. Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers nous, se reflète notre dignité d’enfant de Dieu. Cette dignité qui n’abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu est la source d’une espérance invincible.

 

 

Vous avez rempli si j’ose dire mon cher monsieur la moitié du contrat puisque la moitié de vous même est partie vers le Ciel.

 

Tout est fixé maintenant dans l’éternité. Et tout continue pour nous sur la terre, avec la ferme intention, moyennant le sourire de Notre Dame sur nos souffrances et nos misères de rejoindre un jour son divin Fils.

 En nous quittant madame Maïdantaz a laissé plusieurs messages, celui donné aux enfants de l’école sainte Philomène doit résonner pour nous comme une devise : « Du haut du ciel, je veillerai sur vous et je vous attends chacun, gardez la Foi, gardez le sourire, l’espérance, le gout de bien faire, faites toujours de votre mieux !

Que Dieu vous garde !

 

Amen

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