23 Novembre 2014
Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.
Cher Monsieur le chanoine,
Monsieur l’abbé,
Mes biens chers frères,
Perdue au milieu des collines toscanes, à flanc de coteau qu’éclaire le soleil levant, que nappe la brume du matin, la villa Martelli s’élance au milieu des vignes et des oliviers, surplombant la vallée de l’Arno, le silence et la quiétude qui y règnent rendant jalouse Florence, laquelle, de florissante cité d’art et d’élégance qu’elle était, est devenu cité touristique avec ses rumeurs, ses bruits et son indécence.
Vous avez reconnu mes chers amis, Gricigliano, ce havre de paix où, à l’abri d’un monde malhonnête, grivois et menteur, vont se former les prêtres de demain, la milice de Jésus-Christ, ces séminaristes qui diront un jour avec allégresse : « Introïbo ad altare Dei ».
Notre cher chanoine m’a demandé ce matin de vous entretenir quelque peu sur le sacerdoce catholique et la vie sacerdotale, thème ô combien suave et cher à notre cœur de prêtre, nous qui avons voulu suivre Notre Seigneur et répondre à son appel divin.
Il y a bientôt 10 ans, cher Monsieur le chanoine, je parlais pour la première fois de la vocation à un prêtre, et ce prêtre, c’était vous, tout « fraîchement » ordonné.
Quelle joie de s’entretenir avec vous, quelle joie de parler du sacerdoce auquel je pourrai être configuré plus tard si Dieu veut. Combien d’entretiens, combien de conseils, de correspondances, d’attention à mon égard, et de grâces reçues. Je me souviendrai toujours de ces paroles : « Dieu au centre de tout, en passant par Notre Dame ; c’est la clé du ciel. »
Merci Seigneur pour cette bénédiction. La Vénérable Louise-Marie Claret de la Touche affirmait que « le cœur du prêtre doit être une flamme ardente qui réchauffe et qui purifie. S’il savait le prêtre, les trésors d’amour que le cœur de Notre Seigneur renferme pour lui ! Qu’il y vienne à ce cœur, qu’il y puise, qu’il se remplisse d’amour jusqu’à en déborder et en répandre sur le monde. » Et Notre Seigneur de lui dire : « J’ai trouvé un moyen de faire pénétrer l’amour dans le monde, et ainsi de le purifier et de le réchauffer. J’irai vers ceux que j’ai institués pour participer à mon éternel Sacerdoce et qui le continuent sur la terre ; j’irai à mes prêtres.
Leurs âmes sont plus pures ; ils sont plus dégagés des sollicitudes terrestres : je les attirerai sur mon cœur ; je les remplirai d’amour, et par eux, l’Amour infini s’écoulera dans les âmes. » Cette année, les Supérieurs de l’Institut m’ont demandé de m’occuper de la première année, mission de confiance pour celui qui, à l’image de saint Paul, doit désormais « transmettre ce qu’il a reçu. »
Quelle joie de s’occuper de ces jeunes âmes envoyées par Dieu et choisies par Lui pour en faire des Alter Christus. Mission délicate de recevoir ces jeunes vocations, cette jeunesse de Dieu qui veut et doit se donner généreusement, sans délai pour la gloire de Dieu et le salut du monde. « Le prêtre, c’est le don du cœur du Christ », disait le pape Benoit XVI. Notre Seigneur appelle à la plus sublime des vocations ceux qu’Il s’est choisi, demandant pour se faire, une préparation minutieuse humaine, spirituelle, morale, intellectuelle…, imitant Notre Seigneur pendant sa vie cachée à Nazareth pendant 30 ans.
Vie de prières et vie d’études rythment les journées de Gricigliano, sans oublier les charges et les responsabilités données à chacun, pour la formation et pour la bonne organisation du séminaire, les compétences, qualités et savoir-faire de chacun étant mis à profit du bien commun. C’est donc dans le silence de cette vie quasi-monastique que les séminaristes œuvrent à la sacristie, la lingerie, le jardin, la cuisine, le secrétariat, l’hôtellerie, la liturgie, … avec un soin semblable à celui qu’on prendrait pour les vases sacrés, comme l’enseigne saint Benoit. « Celui qui m’aime, qu’il se renonce, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
Ainsi, les séminaristes ont quitté leurs parents, leur famille, leurs amis, leur pays… pour se préparer à devenir le médiateur qui offre à Dieu des oblations et des sacrifices au nom du peuple, dit le bienheureux Dom Marmion dans son célèbre ouvrage « le Christ idéal du prêtre ».
En retour, Dieu le choisit pour communiquer aux hommes ses dons de grâces, de miséricorde et de pardon. Voilà en quoi consiste le sacerdoce. « Le prêtre, c’est un homme pour les autres », disait encore le saint pape Jean-Paul II. Donc, identification totale entre le Christ et son prêtre. Et Dom Marmion de continuer : « Notre Seigneur a eu la volonté constante de glorifier son Père, de satisfaire sa justice et de s’offrir pour notre salut.
Toute son existence est la manifestation continue de cette volonté profonde : racheter le monde par le calvaire, en acceptant les péripéties du grand drame : l’ingratitude de Judas, les moqueries d’Hérode, la lâcheté de Pilate, la flagellation, les avanies du crucifiement. […] A sa mort, Jésus portait en lui l’humanité tout entière, et dans l’unique sacrifice de la croix librement consenti, il nous a tous sauvés et sanctifiés. » Sacerdos alter Christus. « Cette identification, cette assimilation au Christ s’accomplit dans le sacrement de l’Ordre.
Par l’imposition des mains de l’évêque, l’ordinand reçoit l’Esprit Saint, et cet Esprit lui communique un pouvoir insigne sur le corps réel et le corps mystique du Seigneur. Les prêtres de cette terre, sont ainsi associés au Pontife éternel, et deviennent médiateurs entre les hommes et la divinité. C’est un pouvoir surnaturel qui a été donné au prêtre, un pouvoir qui le rend capable, comme ministre du Christ, d’offrir le sacrifice eucharistique et de pardonner les péchés.
Ce caractère, donnée pour l’éternité, est un foyer d’où jaillit une grâce surabondante » Vous comprenez dès lors combien étroite est l’union du Christ et de son prêtre. Le prêtre ne fait qu’un avec le Christ. Permettez-moi de citer encore Dom Marmion, avec cette description sublime de la cérémonie d’ordination sacerdotale. « Rappelez-vous ce qui se passe au jour de l’ordination. En ce matin béni, un jeune lévite, anéanti sous le sentiment de son indignité et de sa faiblesse, s’est prosterné devant l’évêque représentant du Pontife du ciel ; il a courbé la tête sous l’imposition des mains du prélat consécrateur.
A ce moment, le Saint-Esprit a plané sur lui, et le Père éternel a pu contempler, d’un regard de complaisance ineffable, ce nouveau prêtre, effigie vivante de son Fils bien-aimé : Hic est Filius meus dilectus… Tandis que l’évêque gardait la main étendue et que toute l’assemblée sacerdotale imitait ce geste, les paroles de l’ange adressées à la Vierge Marie se réalisaient à nouveau : « L’Esprit Saint viendra sur vous, et la puissance du Très-Haut vous couvrira de son ombre. » En toute vérité, à cette heure mystérieuse, le Saint-Esprit enveloppait l’élu du Seigneur et opérait entre le Christ et lui une éternelle ressemblance ; lorsqu’il se relevait, cet élu était un homme transformé : « Tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisedech ».
Le prêtre a donc reçu un sceau divin qui marque tout son être et ; par lui, il a été consacré à Dieu, corps et âme, comme un vase d’autel qu’il est sacrilège de profaner. Que serait le monde sans le prêtre ? Que serait notre vie sans le prêtre ? C’est lui qui nous fait devenir enfant de Dieu par le Baptême. C’est lui qui nous nourrit par le Sacrement le plus doux et le plus suave. Par l’Eucharistie, Dieu se donne en nourriture à notre âme. C’est le prêtre encore qui, après l’aveu de nos fautes et le sincère repentir, nous lave notre âme, la purifie et la rend immaculée, lorsque du fond du confessionnal vient la sentence : « ego te absolvo a peccatis tuis ».
C’est le prêtre qui au soir de notre vie, remettra notre âme à Dieu en nous assistant dans l’angoisse et l’attente de la mort. Qu’est-ce que le monde sans le prêtre ? Combien de confessions, de communions, de bénédictions, de conseils, d’écoutes, de prières… impossibles sans le prêtre ? Le prêtre est là pour vous mes chers amis.
Allez à lui.
Vous tous ici, vous avez la vocation ; c’est-à-dire celle de tout baptisé, la vocation du ciel. Vous êtes fait pour le ciel, et le prêtre est là pour vous y conduire.
Et vous savez bien que Notre Seigneur ne vous sauvera pas sans vous. Il demande notre coopération à sa grâce, la soumission de notre volonté à la sienne. Sans moi, vous ne pouvez rien faire, dit NS à ses disciples.
Notre Seigneur nous demande d’avoir foi en Lui. « Confiance ma fille, ta foi t’as sauvée » vient de dire Notre Seigneur dans l’Evangile de ce dimanche. Cette vie est toujours une captivité. Nous ne faisons pas le bien que nous voulons.
Mais Dieu n’a qu’un but : à travers les difficultés présentes, attirer à lui tous les hommes pour leur donner la liberté du ciel. « Criez vers moi, je vous exhausserai » dit encore Notre Seigneur dans l’Introït. Dans les difficultés, les tentations, les épreuves, les chutes, les fautes, allons au prêtre.
Allez voir Notre Seigneur. Il vous donnera par son prêtre, son pardon et sa grâce pour triompher des tentations et vous affermir dans votre vie de chrétien, un chrétien qui combat le désordre, la médiocrité, la mondanité, la vanité…
Mes biens chers frères, priez pour les prêtres, priez le Père des cieux pour qu’Il envoie des ouvriers à sa moisson, récitons-nous dans la prière à Notre Dame du Sacerdoce.
Soutenez les futurs prêtres.
Ils ont besoin de votre aide et de votre prière. Le séminaire, c’est la jeunesse de Dieu. Mais si le prêtre rayonne par cette vie de grâces qu’il transmet selon la volonté divine, il est aussi la proie du démon, la cible du Grappin, selon l’expression du curé d’Ars.
En entrant au séminaire, cette milice de Dieu ne s’est pas fait un ami. Le diable déteste les prêtres. Il hait ceux qui se préparent à suivre le Seigneur, ceux qui sont revêtus de la livrée du Christ. Courage donc, confiance en Dieu seul.
Vous êtes dans le monde, mais pas du monde. Votre patrie, notre patrie, est la patrie céleste où nous attendent les bienheureux. Nous sommes les citoyens du ciel. Alors, dès ici-bas, comme le prêtre, nous devons rayonner de toutes ces grâces que Dieu nous envoie pour entrainer les âmes à lui.
Alors, partez ! Partez transformés, témoignant votre attachement à Jésus-Christ par l’accomplissement de votre devoir d’état et rayonnez d’une joie profonde de fils de Marie causa nostrae laetitiae. C’est l’exemple que vous pouvez donner et que retiendront les autres qui ne croient pas.
Ainsi soit-il.